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Ruth Buendía

Ruth Buendía est connue pour être une militante écologiste mais également leader de la communauté Asháninka. Revenons sur sa vie et son histoire.


Ruth Buendía est née en 1977 dans la communauté Asháninka dans la province de Satipo au Pérou. Lorsqu’elle avait 12 ans, à cause des affrontements entre le pouvoir en place et le Sentier lumineux, sa communauté a été déplacée et forcée de quitter ses terres. Durant cette période sombre, Rigoberto Buendía, son père, a été tué comme environ 6000 membres de Asháninka. Le reste de sa famille a alors vécu quelque temps un camp de concentration de fortune avant de réussir à s’enfuir en passant par le fleuve Ene.

Plus tard, pour pallier les difficultés financières que rencontrait sa famille, Ruth partit sans papiers d’identité à Lima pour travailler en tant que femme de ménage.

En 1995, elle retourna dans sa province natale où elle suivit l’école du soir, CEBA Rafael Astorga. En 2003, elle eut l’occasion de rencontrer des asháninkas appartenant à l’organisation CARE, elle devint alors elle-même bénévole pour CARE. L’organisation CARE : Central Ashaninka del Río Ene, est une organisation amérindienne, créée en 1993 qui défend les intérêts de 17 communautés et 33 groupes annexes qui vivent le long du fleuve Ene.

C’est aussi en 2003 que Ruth commença des actions politiques : elle fournit notamment des documents d’identité aux membres des communautés habitant autour du fleuve Ene et qui eux aussi avaient dû quitter leur terre à cause de l’époque du Sentier lumineux.

Entre 2005 et 2006, elle devint présidente de CARE et ainsi la première femme représentant les Asháninka. Cette élection est marquante car les Asháninka fonctionnaient plutôt comme une société patriarcale. Lors des réunions par exemple, les femmes et les hommes étaient séparés de chaque côté de la salle. Autre exemple : les femmes s’occupaient des enfants et préparaient les repas pendant que les hommes s’occupaient de pêcher, de chasser ou encore de boire le masato, l’alcool traditionnel.


 

« Il y a beaucoup de machisme chez les peuples autochtones et la peur que les femmes occupent des postes. Il y a de la corruption parmi les hommes, ils s’achètent les uns les autres avec une caisse de bière et forment des alliances. »

Ruth Buendia parlant du machisme auquel elle a dû faire face.


 

Malgré quelques réticences au début, elle s’est finalement faite acceptée comme représentante de la communauté, puisqu’elle a de nouveau été élue à la tête de l’organisation en 2009 puis 2013.


En 2008, le gouvernement péruvien en accord avec le Brésil, lança un projet nommé « Pakitzapango ». Il s’agissait d’un barrage hydroélectrique prévu sur le fleuve Ene. Ce projet engendrait le déplacement de 3500 personnes. Or, Pakitzapango a été décidé sans consultation des avis des populations vivant le long du fleuve Ene. Ruth Buendia avec CARE monta au créneau pour lutter contre ce projet et surtout faire valoir les droits des peuples amérindiens. En 2010, elle alla devant Commission Inter Américaine des Droits de l’Homme : face à la pression notamment médiatique, le projet est suspendu.

Ce combat lui a valu de recevoir, en 2014, le prix Goldman, qui est décerné tous les ans aux défenseurs de la nature et de l’environnement. Elle eut également le Prix Bartolomé de las Casas et la distinction du Congrès du Pérou la même année.

Ruth se bat également pour l’alphabétisation et la scolarisation des membres des communautés natives de l’Amazonie péruvienne.

Qui sont les Asháninka ?

 

Les Asháninka sont l’un des plus grands groupes d’amérindiens d’Amérique du Sud avec 97 000 membres. Ils s’étendent du nord-ouest du Brésil aux Andes péruviennes en passant par les jungles des départements de Cusco, Ayacucho, Junín, Pasco, Huánuco et Ucayali. La langue parlée se nomme le Arawak.

Ce peuple a un rapport intime avec son territoire : le territoire ne leur appartient pas mais plutôt, ils le conçoivent comme une entité vivante dont ils font partie.

 

Les activités traditionnelles tournaient autour de la chasse, de la pêche, de la cueillette de fruits et de plantes et de la culture du manioc. Aujourd’hui, la communauté cultive le café et le cacao et fait également dans la vente du bois.

Publié en mars 2022

Article par : Taheera, bénévole de l'association.

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