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Martín Chambi

Martín Chambi Jiménez ou Martín Chambi de Coaza est né le 5 novembre 1891 à Puno au Nord du lac Titicaca au Pérou et mort le 13 septembre 1973 à Cuzco. Il était l’un des premiers grands photographes autochtones d’Amérique latine et le tout premier photographe amérindien à avoir été reconnu à l’échelle internationale.

Les parents de Martín Chambi étaient des paysans quechuas. C’est à 14 ans qu’il découvre la photographie dans les mines d’or gérées par la Santo Domingo Mining Company où son père travaillait. En effet, en 1903, il assiste un ingénieur anglais qui prend des photos archéologiques à la suite d'extractions de la compagnie. Il économise durant plusieurs années avant de se rendre à Arequipa pour apprendre la photographie dans le studio Vargas, où il devient l’assistant de Max T. Vargas, photographe paysagiste et fondateur du studio de photographie.

En 1917, il se marie avec une institutrice, Manuela López Lisa avec qui il aura plusieurs enfants. Il ouvre ensuite un premier studio de photographie à Sicuani, puis un second dans les années 20 dans la ville de Cuzco où il décide de vivre avec sa famille, cette ville l’ayant attiré par sa splendeur et son histoire. Dans ses studios, il tire le portrait des familles de classes moyennes et aisées. Mais c’est lorsqu’il parcourt les Andes avec son équipement de photographie sur le dos d’une mule que son génie se révèle dans toute sa splendeur. Et de ces nombreuses photographies de paysages, il en a fait des cartes postales, qu’il s’est mit à vendre. Il est le pionnier de ce format au Pérou.


 

Il travaille en tant que photojournaliste pour le journal péruvien La Crónica et les magazines péruviens Variedades et Mundial, et argentin La Nación. Il publie aussi son travail dans le magazine National Geographic aux Etat-Unis en 1938. Grâce à ses œuvres documentaire, il participe à des expositions à Lima, Arequipa, la Paz, Santiago du Chili. A la Paz d’ailleurs, il remporte en 1927, la Médaille d'or à l'Exposition internationale.

Il met fin à ses activités dans les années 50 et meurt le 13 septembre 1973 à Cuzco. En 1977, le photographe et anthropologue américain Edward Ranney et l’un des fils de Martín Chambi, Victor, gèrent la venue d’un groupe de coopérateurs de la fondation Earth Watch aux États-Unis. Ces derniers cataloguent et réalisent environ 6000 plaques de verre. Ce travail photographique qui a permet la diffusion de plusieurs tirages de l’artiste à travers le Monde, abouti à une rétrospective des œuvres de l’artiste au MOMA de New York en 1979.

Son œuvre :

Les œuvres de l’artiste montrent l’univers quotidien de la culture andine, dans sa diversité et sa richesse. Ses archives contiennent environ 30 000 négatifs dont des plaques de verre qui sont de différents formats : du plus grand de 18 x 24 centimètres. à ceux de 13 x 18 centimètres, 10 x 15 centimètre jusqu’au plus petit de 9 x 12 centimètre ; et des films flexibles, des rouleaux de 120 et 35 mm. Dans ses archives, on ne retrouve aucune photographie de Lima, de l’Amazonie ou encore de la côte péruvienne. Néanmoins, on retrouve des photographies de montages, du Machu Picchu, et évidemment les rues de Cuzco. Son œuvre est reconnue pour la valeur documentaire historique et ethnique. Il capta des hommes et des femmes de toutes les conditions sociales et témoigna de la dignité des Péruviens. Grâce à sa curiosité, il explore les régions chargées en Histoire et en drames sociaux. Il immortalise des mariages, des fêtes et premières communions, la misère, des événements publics, les sports, les promenades, les bals, les corridas, les rites solennels perpétués par les paysans etc...

L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa fait part de sa profonde admiration pour l’un des plus grands artistes de son pays :

 

« La lointaine contrée dans laquelle Martín Chambi est né [le département de Cuzco, qui fut le centre historique de l’Empire inca] a donné pas moins d’une demi-douzaine de créateurs admirables. Leurs œuvres sont les fruits d’une vision large et sans œillères de l’humain, qui viennent enrichir l’expérience universelle. Martín Chambi, maître de la photographie, fait partie de ceux-là. Contrairement à d’autres membres de ce club si exclusif – tels l’Inca Garcilaso de la Vega [chroniqueur de la fin du XVIe siècle, fils d’une princesse inca et d’un conquistador espagnol] ou César Vallejo [poète péruvien mort à Paris en 1938] – dont les œuvres virent le jour surtout à l’étranger, dans des milieux plus aisés et plus stimulants, Chambi a réalisé son œuvre monumentale dans une région pauvre et montagneuse du Pérou. Par ses efforts, son imagination et sa détresse, par son génie, il a transcendé les restrictions qui en découlaient. Dire qu’il fut un pionnier tombe sous le sens, mais c’est insuffisant car l’œuvre qu’il a laissée prouve, par sa cohérence, par son originalité, par sa pénétration dans les entrailles d’un monde et par sa richesse visuelle, qu’il s’agit d’une œuvre fondatrice ayant permis à l’art photographique de son pays d’acquérir un rayonnement international. »

Voici quelques-unes des photographies prises par l'artiste :

Source : certaines photos viennent du site Martín Chambi Photographic Archive

Publié en février 2022.

Article par : Taheera, bénévole de l'association.

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