top of page

Flora Tristan

« J’ai presque le monde entier contre moi. Les hommes, parce que j’exige l’émancipation de la femme ; les propriétaires, parce que j’exige l’émancipation des salariés. »

Flora Tristan, de son nom complet Flore Célestine Thérèse Henriette de Moscoso, est née le 7 avril 1803 à Paris. Elle était une femme de lettres, pionnière du féminisme en France.

 

Son père, Mariano de Tristán y Moscoso, était un aristocrate péruvien et sa mère, Anne-Pierre Laisnay, une petite bourgeoise parisienne qui avait émigré en Espagne lors de la Révolution française. Ses parents se marièrent en Espagne mais une fois de retour en France, ils ne prirent pas le temps de régulariser leur mariage. Malheureusement, Mariano mourut à Paris en 1807 quelques semaines avant la naissance du petit frère de Flora (qui mourut à l’âge de 9 ans) : un drame pour la petite Flora alors âgé de 4 ans, mais également pour sa mère, qui en l’absence de la régularisation du mariage en France, ne put faire valoir ses droits. Elle se fit expulser du domicile commun de Vaugirard. La demeure fut mise sous séquestre, car, Napoléon ayant déclaré la guerre à l’Espagne, le voit comme appartenant à l’ennemi. Tous les autres biens ont été donnés à l’oncle de Flora : Pío de Tristán y Moscoso qui habitait au Pérou.

André Chazal

En 1821, alors qu’elle n’avait que 17 ans, Flora fut mariée par sa mère à André Chazal. Il était graveur en taille-douce dans l’atelier de lithographie dans lequel Flora était entrée pour travailler en tant qu’ouvrière afin de pallier les difficultés financières auxquelles faisait face sa famille.

 

Le mariage était loin d’être idyllique : André Chazal était jaloux, alcoolique et violent. Flora se réfugia dans la lecture. Alors qu’elle était enceinte de son troisième enfant, elle fuit pour échapper à ce mari qui la battait, l’humiliait et la séquestrait. Le divorce avait été aboli par la Restauration et, malgré les menaces d’André Chazal, Flora ne retourna jamais avec lui. Elle plaça ses enfants auprès de sa mère et voyagea dans toute l’Europe comme dame de compagnie de deux Anglaises jusqu’en 1830.

Pío de Tristán y Moscoso, oncle de Flora

Elle écrivit à son oncle Pio pour tenter de retrouver une légitimité, mais en vain. Sa grand-mère lui octroya tout de même l’héritage destiné à un enfant bâtard. En 1832, son mari la menace : il veut obtenir la garde de leurs enfants. Flora fuit avec Aline, sa fille, à travers la France. L’année suivante, elle confia sa fille, à une nourrice basée à Angoulême, avant de se rendre à Bordeaux dans l’espoir de partir pour le Pérou. Et c’est le 7 avril 1833 qu’elle prit le large pour gagner le pays de ses origines. Au cours de ce voyage, elle commença à écrire ses conceptions du monde, elle s’intéressa notamment à la place des femmes dans la société de l’époque. C’est à ce moment qu’elle ambitionna de devenir journaliste. Une fois au Pérou, bien que sa légitimité lui soit toujours refusée, elle s’intégra bien à sa famille.

 

Là-bas, elle mena des enquêtes : par exemple, sur le fonctionnement des couvents situés à Arequipa ou encore sur les conditions de travail des esclaves dans les plantations. Tout cela l’amena à réfléchir, sur ses convictions et son indépendance.

Grâce à ses nombreux écrits, elle devint l’une des premières grandes reporters féminines et se créa une place dans le monde des arts et des lettres.

 

Ses écrits revendiquaient une émancipation de la femme. En 1835, année où elle fut de retour à Paris, elle publia un pamphlet politique qui mettait en avant l’importance d’instruire les femmes mais aussi l’une des premières idées féministes : celle que les femmes devraient s’unir entre elles.

En décembre de la même année, toujours pour échapper à son mari, elle retourna à Londres, et rencontra Robert Owen, considéré comme le père fondateur du mouvement coopératif et du socialisme britannique.

 

Lors de la Révolution, les femmes se levèrent pour demander une prise en compte de leurs conditions et problèmes spécifiques.

En 1838, la séparation de corps avec André Chazal fut prononcé, la même année, il tira deux fois sur elle. Les balles resteront logées dans le corps de Flora : une près du cœur et l’autre dans la poitrine. Il a été condamné un an plus tard, à 20 ans de travaux forcés pour tentative d’assassinat sur Flora et inceste sur leur fille Aline. Suite à ces drames, Flora retrouva son nom Tristan et le fit porter à ses enfants : sa liberté était enfin retrouvée.

 

Plus tard, elle retourna à Londres où elle s’habilla « en homme » pour circuler plus librement. Durant ses ballades, elle fit de nombreuses observations et, en 1840, elle publia un écrit relatant ses réflexions : dictature de l’argent, de l’industrie, les rapports de classe, la pauvreté, les discriminations et maladies.

Les deux causes de sa vie ont été celle du prolétariat et celle des femmes. En effet, à côté de ses ambitions féministes, elle devint désormais activiste sociale. Son engagement put s’observer au travers de son ouvrage, premier manifeste politique d’une femme en France : « Union ouvrière », il appelait à l’union universelle. Elle traversa la France pour parler de son idée sans mettre de côté ses observations sociales. En 1838, elle demanda l’abolition de la peine de mort.

 

Elle arriva à Bordeaux, malade, et logea rue des Bahutiers où elle mourut le 14 novembre 1844.

A noter qu’Aline, la fille de Flora, se maria en 1846 avec un journaliste du nom de Clovis Gauguin. Ensemble, ils ont eu un fils : Paul Gauguin.

La ville de Bordeaux entretient toujours un lien particulier avec Flora Tristan. En effet, au cimetière de la Chartreuse de Bordeaux, on y trouve le tombeau de Flora Tristan. Chaque année, un pèlerinage Romeria conduit à cet endroit. 

Le 8 mars 2021, le jour de la journée internationale des droits de la femme, a eu lieu l'inauguration de la plaque trilingue dans cette même rue par la mairie de Bordeaux en présence de la communauté franco-péruvienne.

Publié en mars 2022.

Article par : Taheera, bénévole de l'association.

bottom of page